FRESQUES

LE CONCEPT

On trouve dans la plupart des grandes villes des espaces désinvestis, laissés pour compte, comme les vastes pignons aveugles des immeubles qui jouxtent les constructions basses plus anciennes ou de longs murs de clôture entourant des propriétés privées. Ces grandes surfaces planes faites de matériaux bruts, sont dans l'attente d'une hypothétique construction mitoyenne ou du passage de tagueurs. Par leur abandon, ces grandes surfaces ont un impact négatif sur la qualité patrimoniale de la ville.

Le concept de la ville végétale pourrait combler ce vide par, d'une part la végétalisation de ces vides et d'autre part, la réalisation de fresques en trompe-l’œil d'une vision futuriste et écologique de la ville de demain. La réalisation d'une exposition à ciel ouvert, s'étendant sur quelques-uns de ces pignons dans un même quartier, aurait pour effet de donner un sens à ces surfaces. De par leurs importantes dimensions, l'impact et la visibilité que ces fresques auraient dans la cité, montreraient en grandeur réelle, un environnement bâti sur un principe nouveau : celui de l'utilisation du vivant en tant que matériau de construction. Les fresques auraient pour intention de montrer qu'un avenir durable et lumineux est possible pour la planète dans une démarche d'innovation. Cet avenir doit être considéré comme une tentative de réconciliation et de coopération avec la nature, afin de pouvoir vivre ensemble dans l'équilibre d'une nouvelle symbiose. Plutôt que d'enfermer le concept de la ville nouvelle dans les lieux clos des musées, cette proposition s'offrirait au regard de tous en tant que questionnement sur notre avenir, notre place et notre rôle sur la planète.

LA FRESQUE “ÉCOLOGIQUE”

 

Les différentes plantes qui ornent la structure ne sont pas peintes, ce sont des plantes appartenant à la biodiversité de la région. Elles sont placées dans des petits sacs de substrat ancrés aux murs et pourvus d'un système d'arrosage automatique au goutte à goutte. Ces plantes seront implantées de manière à ce qu'elles puissent s'étendre en dehors de leur support et se développer partiellement sur une partie du mur pour ainsi modifier progressivement l'environnement prévu de manière aléatoire. Ainsi, la représentation picturale se modifiera dans le temps et pourra être l'objet de curiosité et d'attention plus grande que ne pourrait l'être une représentation statique. Cette modification temporelle est également conforme à la modification de la ville dans l'esprit de la cité végétale. Derrière son aspect esthétique, la partie du mur végétalisé sera écologique : elle cumulera les qualités d'isolant thermique, phonique, avec une fonction de dépollution de l'air.

UNE RÉALISATION : DEUX TOURS À CHAMBERY EN 2022

 

DESCRIPTIF DE LA FRESQUE DES TOURS HABITARBRES

 

AUTEUR, LUC SCHUITEN ARCHITECTE PLASTICIEN

L’architecture de Dubuisson, fortement marquée par une conception année 1960 de l’urbanisme, a conçu des immeubles barres d’habitations influencés par Le Corbusier. La rénovation prochaine de ces tours offre une opportunité de donner à chacune d’elles une façade personnalisée aux accents plus contemporains. Une peinture murale a l’énorme avantage de transformer, par le jeu du trompe l’œil, la perception d’une façade sans pour autant toucher à sa construction et ainsi rendre réversible la transformation, si souhaitée dans le futur.

Sur chacune des deux tours s’élève des arbres en grandeur nature. Les dessins se situent dans des deux saisons, à des heures du jour différentes. La première tour évoque un grand arbre l’été en plein jour, tandis que le deuxième montre deux arbres reliés entre eux, à l’automne, à la tombée du jour. Les arbres sont habités à tous les étages par des locataires visibles aux fenêtres, sur les balcons, sur des passerelles dans des escaliers extérieurs. Une faune nombreuse constituée d’oiseaux, écureuils, chats, singes, elfes, gnomes et lutins occupe la canopée différemment suivant les saisons, tout comme les humains. La structure de l’arbre mélange l’aspect nature à une construction « archiborescente » nouvelle.

La représentation de ces arbres, peuplés d’une grande diversité de vie, s’inscrit sur la paroi extérieure des tours comme une transition entre la géométrie stricte et répétitive de Dubuisson et l’environnement naturel et sauvage de la nature. La représentation de la forêt ne cherche pas ici à se montrer la plus réaliste possible. Au contraire, elle se veut fantasmée et idéalisée pour mieux faire appel à l’imaginaire de ses habitants. Par la magie du dessin, les résidents des appartements appartiennent quelque peu à la fresque par leurs fenêtres. Ils passent de l’anonymat d’une fenêtre standard, multipliée à l’infini, à une ouverture située dans le contexte d’un immeuble construit à partir de matériaux vivants et peuplé par une faune accueillante et bienveillante. 

 

INAUGURATION DES DEUX FRESQUES LE 29 JUIN 2022.

Dessins : Luc Schuiten.
Réalisation et suivi : Citécréation et  tous ceux qui ont transposé ces dessins sur 50 mètres de haut.